De l'échec à la mention "Très bien"

Théophile Blaize a 22 ans. Enchanté par son bac professionnel en alternance dans le secteur de l’usinage, il est aujourd’hui en deuxième année de BTS. Ce Puydômois fait des allers-retours quotidiens quinze jours dans le mois pour se rendre à son centre de formation à Montluçon. Si ce n’est pas de la motivation !

«Si en terminale littéraire on m'avait dit "tu seras tourneur-fraiseur", ça m'aurait étonné ! Je ne savais même pas que ça existait. » Et pourtant, cela l'aurait sûrement rassuré. Parce qu'au lycée général, Théophile Blaize est un peu perdu. Il s'y rend sans conviction, poussé par ses parents et par un intérêt pour les belles-lettres. Mais il ne voit pas où ces études pourraient le mener et les trop nombreux cours le lassent. En 2010, c'est l'échec au baccalauréat qui annonce une année de désorientation, entre petits boulots et interrogations.

« Et puis un ami d'enfance est venu me parler du centre, (Pôle formation des industries technologiques d'Auvergne, N.D.L.R.). Lui, était en chaudronnerie. Vu que je ne connaissais rien, j'y suis allé et ce sont les conseillers qui m'ont orienté vers l'usinage et qui m'ont trouvé une boîte. » Comme indication, il leur a expliqué qu'il « aimait bien la mécanique et les belles pièces ». Et il faut bien dire que le secteur de l'usinage recrute beaucoup. « De nombreuses entreprises d'Auvergne et notamment de l'Allier, sont à la recherche de jeunes à embaucher. Cette année encore, elles n'en trouveront pas autant qu'elles en ont besoin, mais il n'est pas encore trop tard », explique Virginie Chabance, conseillère au Pôle formation des industries technologiques d'Auvergne.

Un bac pro…

À 19 ans, le jeune homme, vivant au Cendre, commence un bac professionnel « Technicien d'usinage » à Cournon. L'usinage, comme il l'explique, « c'est fabriquer une pièce en retirant de la matière », à l'inverse du moulage. Quand le technicien usineur veut rendre une pièce ronde, il utilise le tournage ; quand son dessein est « plus compliqué » : le fraisage.

Pour expliquer le métier qu'il a choisi, le plus simple est une démonstration. Ce grand brun aux cheveux gominés se place devant une imposante machine et pianote à vive allure sur des touches multicolores. C'est un gros écrou qui va passer à la moulinette. La machine à commande numérique se dote de l'outil adéquat et, selon le programme enregistré par Théophile, rabote la pièce avec précision.

Les objets d'usinage sont des pièces mécaniques qui font partie d'un grand tout. Des éléments que seul l'usineur remarque, mais sans lesquels rien ne fonctionnerait. « J'ai fait des pièces qui vont sur des engins de chantier ou sur un sous-marin, j'ai fait des moules pour pouvoir faire des plaquettes de médicament ou de maquillage, j'ai fait… »

…puis un BTS

Mais il ne veut pas se limiter à fabriquer. Son bac pro en poche – mention « Très bien » – il décide d'aller encore plus loin. Théophile se lance dans la préparation d'un brevet de technicien supérieur « Industrialisation des produits mécaniques ». S'il reste derrière sa machine, bien d'autres missions incombent au détenteur du BTS. « Un client nous dit ce dont il a besoin, avec un cahier des charges. Il faut savoir inventer une pièce, faire un plan, calculer les coûts de revient, savoir quel outil utiliser en fonction de sa rentabilité. Parce que l'objectif du patron, c'est quand même de gagner de l'argent. » Pour poursuivre dans le supérieur, Théophile doit suivre ses quinze jours de cours mensuels au centre de Montluçon. Sa nouvelle entreprise est quant à elle basée à Cournon. Il a préféré rester vivre chez ses parents, au Cendre, et faire les allers-retours matin et soir les jours de cours.

Départ tous les matins à 6 h 40

Autant dire que Théophile Blaize n'est pas un lève-tard. Il part de chez lui à 6 h 40 tous les jours, pour prendre les cours à 8 heures ou le travail à 7 heures. Mais ça ne le dérange absolument pas, puisqu'en bac pro il se levait à 5 heures et qu'ainsi il a « du temps libre l'après-midi ». Du temps pour choyer sa petite amie pour qui il fait les allers-retours. Du temps pour bichonner sa cinquantaine de plantes carnivores, sa passion. Du temps, enfin, pour penser à son avenir. Son but est de grimper dans l'entreprise. Il hésite entre trouver un emploi le plus tôt possible ou se former encore davantage en validant une licence.

Alice Chevrier

(Article publié dans La Montagne le 30/09/2014)